Le coeur ne cède pas – Grégoire Bouillier #315

Vue : Août 1985, à Paris, une femme se laisse mourir de faim. Pendant 45 jours, elle tiendra le journal de son agonie. Son corps sera retrouvé 10 mois plus tard chez elle. Grégoire Bouillier a entendu ce fait divers à la radio et ne l’a jamais oublié. 33 ans plus tard, le hasard le remet à nouveau sur le chemin de cette tragédie. Cette fois, il mène l’enquête pour reconstituer l’histoire de cette femme et comprendre comment la vie peut conduire à une fin si tragique.

Comment ne pas être intrigué par ce fait divers ? Une femme, ancienne top modèle dans les années 50, se laisse mourir d’inanition. Une histoire vraie qui interroge. Lorsque j’entends Grégoire Bouillier en parler sur le plateau de La Grande Librairie, ma curiosité l’emporte.

L’auteur prend son temps. Il aime les détails, expliquer le pourquoi du comment, avoir un maximum d’informations afin d’obtenir l’image globale. Il s’improvise détective privé pour partir sur les traces de celle qui le hante depuis si longtemps, Marcelle Pichon. Il fouille son passé comme un archéologue la terre. Et quand les réponses manquent, il les invente grâce à son imagination, ses déductions.

Au début, j’ai franchement aimé l’idée d’osciller entre réalité et fiction, les faits avérés que l’auteur extrapole ensuite pour combler les blancs. Il part dans de nombreuses digressions qui, certes, ne font pas avancer le récit mais n’en sont pas moins dénués d’intérêt et ont, qui plus est, le mérite d’être drôles. Enfin, parfois, son humour est lourd. Mais à la moitié du livre, je n’en peux plus ! C’est trop long. J’en ai marre de lire la vie inventée ou véritable – car documentée – de personnages dont je me fous et qui n’ont rien à voir avec l’histoire qui nous concerne. Je comprends que le bouquin fasse 900 pages !

Je fatigue. Comme seule l’histoire de Marcelle m’intéresse, je saute les passages n’ayant aucun lien direct avec l’histoire. Je ne sais pas lire en diagonale. C’est une première pour moi. Quand un livre me plaît, je le lis en intégralité ; quand il m’ennuie, j’arrête. Le coeur ne cède pas ne m’ennuie pas, seulement certains passages. Les chapitres où le détective dialogue avec Penny, son assistante, me font rire et sont de vraies respirations dans l’enquête. Il y a du bon dans ce récit. D’autant plus que cette enquête sur Marcelle est l’occasion pour le narrateur de revenir sur ses racines, d’affronter son propre passé familial. Le parallèle fonctionne. Les histoires se répondent.

J’ai bien fait de tenir jusqu’au bout, la fin est très bien. Je l’ai trouvée originale et intelligente. Mon instinct m’avait dit de persévérer. Il est des livres que l’on n’est pas forcé de lire en entier.

Ouïe : Le chant d’une perruche

Goût : Le cognac

Odorat : Un bol de bouillon

Toucher : Un journal de l’agonie

Éditions : Flammarion
Pages : 903
Prix : 26 euros

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