One of us is lying – Karen M. McManus #328

Vue : À Bayview High, aucune confidence n’est à l’abri de Simon et de son application About that. Lorsque l’ennemi public numéro 1 du lycée meurt en retenue avec quatre autres camarades, Bronwyn, l’intellectuelle ambitieuse ; Cooper, le sportif star du lycée ; Nate, le dealer mauvais garçon et Addy, la reine du bal à la vie parfaite en apparence, deviennent les principaux suspects. Une mort qui surgit avant que la victime n’ait pu poster son dernier article dévoilant des secrets compromettant à leur sujet…

J’ai adhéré tout de suite. J’ai plongé et n’en suis pas ressorti avant la fin. Comme tout thriller digne de ce nom, le rythme trépidant m’a tenu en haleine. Les premières pages s’ouvrent sur la scène où Simon fait une réaction allergique fatale au milieu d’autres élèves. Cinq lycéens dont un mort, quatre suspects. Le décor est planté !

La recette est implacable, je suis tour à tour dans la tête des quatre suspects. Et comme l’un d’eux est coupable alors je me dis que je suis face à au moins un narrateur non fiable. Mais lequel ?Je suis extrêmement vigilant à leurs propos, à leurs actes, leurs interactions. Je me transforme en détective. Mais en même temps, je suis ces jeunes adultes attachants et peu à peu je demeure à leurs côtés oubliant ma loupe. Chaque personnage cache quelque chose et se sont ces secrets qui protègent l’assassin.

Qui dit lycée dit archétype. Comme vous l’avez compris dans le résumé, ils y sont tous. Certes ce n’est pas très original mais ça fonctionne ! D’autant qu’en creusant, ses archétypes sont peu à peu mis à mal. Concernant Cooper et Nate pas compliqué à deviner. J’apprécie beaucoup l’évolution d’Addy. C’est un protagoniste que je j’aime suivre et c’est certainement ma préférée.

Si des secrets sont assez simples à deviner (pas autant que dans Secret Story, je vous rassure !) la fin en revanche, m’a bluffé. Je ne m’y attendais pas du tout. J’ai adoré ! Et oui, maintenant vous vous dîtes que vous n’avez pas le choix, vous devez le lire 😉

J’avoue être bon client des histoires qui se déroulent au lycée, c’est aussi pour cela aussi que j’affectionne la littérature Young Adult. Le livre a été adapté en série sur Netflix. Peut-être me laisserais-je tenter.

Ouïe : « Variation on the Kanon » de Georges Washington

Goût : L’huile d’arachide

Odorat : Une salle de classe

Toucher : Un smartphone

Éditions : Penguin Books
Pages : 358
Prix : 8.99 £

Le coeur ne cède pas – Grégoire Bouillier #315

Vue : Août 1985, à Paris, une femme se laisse mourir de faim. Pendant 45 jours, elle tiendra le journal de son agonie. Son corps sera retrouvé 10 mois plus tard chez elle. Grégoire Bouillier a entendu ce fait divers à la radio et ne l’a jamais oublié. 33 ans plus tard, le hasard le remet à nouveau sur le chemin de cette tragédie. Cette fois, il mène l’enquête pour reconstituer l’histoire de cette femme et comprendre comment la vie peut conduire à une fin si tragique.

Comment ne pas être intrigué par ce fait divers ? Une femme, ancienne top modèle dans les années 50, se laisse mourir d’inanition. Une histoire vraie qui interroge. Lorsque j’entends Grégoire Bouillier en parler sur le plateau de La Grande Librairie, ma curiosité l’emporte.

L’auteur prend son temps. Il aime les détails, expliquer le pourquoi du comment, avoir un maximum d’informations afin d’obtenir l’image globale. Il s’improvise détective privé pour partir sur les traces de celle qui le hante depuis si longtemps, Marcelle Pichon. Il fouille son passé comme un archéologue la terre. Et quand les réponses manquent, il les invente grâce à son imagination, ses déductions.

Au début, j’ai franchement aimé l’idée d’osciller entre réalité et fiction, les faits avérés que l’auteur extrapole ensuite pour combler les blancs. Il part dans de nombreuses digressions qui, certes, ne font pas avancer le récit mais n’en sont pas moins dénués d’intérêt et ont, qui plus est, le mérite d’être drôles. Enfin, parfois, son humour est lourd. Mais à la moitié du livre, je n’en peux plus ! C’est trop long. J’en ai marre de lire la vie inventée ou véritable – car documentée – de personnages dont je me fous et qui n’ont rien à voir avec l’histoire qui nous concerne. Je comprends que le bouquin fasse 900 pages !

Je fatigue. Comme seule l’histoire de Marcelle m’intéresse, je saute les passages n’ayant aucun lien direct avec l’histoire. Je ne sais pas lire en diagonale. C’est une première pour moi. Quand un livre me plaît, je le lis en intégralité ; quand il m’ennuie, j’arrête. Le coeur ne cède pas ne m’ennuie pas, seulement certains passages. Les chapitres où le détective dialogue avec Penny, son assistante, me font rire et sont de vraies respirations dans l’enquête. Il y a du bon dans ce récit. D’autant plus que cette enquête sur Marcelle est l’occasion pour le narrateur de revenir sur ses racines, d’affronter son propre passé familial. Le parallèle fonctionne. Les histoires se répondent.

J’ai bien fait de tenir jusqu’au bout, la fin est très bien. Je l’ai trouvée originale et intelligente. Mon instinct m’avait dit de persévérer. Il est des livres que l’on n’est pas forcé de lire en entier.

Ouïe : Le chant d’une perruche

Goût : Le cognac

Odorat : Un bol de bouillon

Toucher : Un journal de l’agonie

Éditions : Flammarion
Pages : 903
Prix : 26 euros

Le Bureau des affaires occultes – Éric Foussier #299

Vue : Dans un Paris encore secoué par les Journées révolutionnaires de juillet, le roi Louis-Philippe et son gouvernement tentent de juguler une opposition prête à tout. Valentin Verne, jeune inspecteur, est muté à la brigade se sûreté afin de faire la lumière sur une étrange affaire de suicide. Expert en chimie et en médecine, Valentin est loin de s’imaginer ce qui se cache derrière cette mystérieuse affaire, plus complexe qu’il n’y paraît.

Bien étrange que ma sensation face à ce roman. Il est bien écrit, je n’ai pas accroché au style. Le personnage principal est profond, je m’y suis à peine attaché. Le décor de Paris 1830, l’atmosphère sombre, ésotérique – j’adore ça – m’ont permis de rester un minimum intéressé pour continuer ma lecture. Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé. Et pour sûr, ce n’est pas un mauvais roman. Alors que s’est-il passé ? Je ne l’explique pas. L’alchimie probablement comme je l’expliquais dans ma sensation de lecture sur Book of night de Holly Black. La création littéraire en tant que telle est bonne. C’est moi, tout simplement.

Néanmoins, en toute objectivité, l’enquête est intéressante avec des rebondissements piquant la curiosité. L’Histoire se mêle au récit ajoutant des anecdotes dignes d’un documentaire. J’ai eu plaisir à les lire. Deux enquêtes s’entremêlent, en vérité. Celle pour laquelle Valentin Verne est muté et celle qu’il mène en secret ; retrouver le Vicaire, un criminel impitoyable lié au passé du jeune inspecteur. C’est d’ailleurs cette dernière qui m’intéresse le plus. Malheureusement, ce n’est pas dans ce livre que l’affaire sera résolue. Peut-être dans Le Fantôme du Vicaire, paru récemment.

Valentin est un personnage intéressant. L’auteur a pris soin de bien le travailler. Son attrait pour l’alchimie renforce l’intérêt pour ses enquêtes et ses péripéties. Le duel en est un bon exemple.

Le Bureau des affaires occultes est un livre que l’on ma donné. Une découverte qui n’a certes pas débouché sur un coup de coeur, mais sincèrement, ne vous fiez pas à mon avis. Si vous appréciez les romans policiers, la période du XIXème, les mystères et les enquêtes menées grâce aux prémices de la science, il y a de fortes chances pour que ce livre vous plaise.

Ouïe : Des pas sur des rues pavés

Goût : Une omelette aux cèpes

Odorat : Un bouillon avec du lard

Toucher : Un miroir

Éditions : Le Livre de Poche
Pages : 445
Prix : 8,40 euros

Les Facétieuses – Clémentine Beauvais #292

Vue : Déprimée de quitter l’Angleterre qui l’avait adoptée, Clémentine Beauvais revient à Paris. Suite à d’étonnantes retrouvailles, une question la taraude : qui était la marraine la bonne fée du petit prince Louis XVII ? Comment a-t-elle pu le laisser à une mort si horrible ? Et d’ailleurs pourquoi ne trouve-t-on rien à son sujet dans les archives ? Clémentine est bien décidée à mener l’enquête soulevant un mystère bien plus grand : que s’est-il passé le jour où la magie a disparu ?

En voilà une idée qui a éveillé mon intérêt ! La couverture du livre m’envoûte (elle est si jolie ! 😍). Je l’achète et l’ajoute sur la pile de livres à lire qui patientent sur une étagère de ma bibliothèque. Entendre le premier chapitre par Clémentine Beauvais lors d’une rencontre en librairie a fini de me convaincre. Je rentre, j’achève la lecture de Beloved de Toni Morrison et hop ! je me jette sur Les Facétieuses. La transition tombait à pic, j’avais besoin de magie après cette lecture difficile.

Je plonge dans l’histoire comme dans un gros chaudron. La magie opère en quelques mots. Moi aussi je veux savoir ! Quelle est cette satanée marraine qui a abandonné son filleul pourrir dans une prison ? La ténacité de Clémentine Beauvais me fascine. Elle ne lâche rien. Et puis après tout, cette investigation donnera lieu à un roman. Il est important que les gens sachent…

Je ris ! Beaucoup. C’est une lecture que je fais en partie dans des trains. Un Paris- Le Mans. Puis je l’achève dans l’Eurostar pour Londres en pensant à l’autrice qu’on a renvoyée Outre-Manche. Les passagers me prennent pour un fou ; c’est ainsi que sont perçues les personnes qui ont des fous rire… Surtout quand elles rient seules. Je me bidonne donc devant les facéties de Clémentine contant ses déboires, ses aventures aussi burlesques que loufoques. Un échange de SMS frénétique avec Zacharie, Charle et Tibo secoue mes épaules sans interruption à côté d’un voisin de train concentré sur une présentation (beaucoup moins fun que ma lecture), l’accoutrement de Clémentine au fur et à mesure de l’histoire agite ma glotte régulièrement et je ne regarde plus une machine Nespresso sans glousser. Ce livre est un charme pour les zygomatiques.

Le rythme est intense. Il se passe toujours quelque chose alors forcément, je ne veux pas lâcher le bouquin. Tant pis pour ce SMS de maman, je répondrai plus tard à ce message Instagram d’une copine, quant à cette appel de la banque ? Non mais sérieux, ils ne peuvent pas m’appeler plus tard ?! Je suis heureux qu’enfin une personne se souvienne que les marraines la bonne fée existent. C’est vrai quoi, on a tout oublié alors que nous l’avons étudié (un peu) à l’école. C’est une enquête courageuse, ça se respecte !

Il est plus de 20h, je referme le livre. Putain c’était trop bien ! Je suis dans l’Eurostar, personne n’a conscience de ce qui se passe. Moi je sais. Et peut-être même qu’il y a une marraine la bonne fée dans le train… J’écris à Clémentine pour la féliciter de cette enquête on ne peut mieux menée. J’ai faim, je file au wagon bar m’offrir un petit encas. Je croise une femme toute en rondeurs, des yeux pétillants. Elle me fait un clin d’oeil. Elle sait que je sais. Oui, je sais…

Ouïe : Une machine Nespresso

Goût : Une brioche

Odorat : Une rose

Toucher : Une baguette magique

Éditions : Sarbacane
Pages : 310
Prix : 17 euros

La vérité sur l’Affaire Harry Quebert – Joël Dicker #288

Vue : New Hampshire. Été 1975. Nola Kellergan, jeune fille âgée de 15 ans disparaît dans des conditions mystérieuses. 2018, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, manque d’inspiration pour son deuxième roman et se réfugie chez son ami et ancien professeur, Harry Quebert, un des auteurs le plus populaires des États-Unis. Quelques mois après, Harry Quebert est arrêté pour meurtre. Le corps de Nola a été découvert enterré sur sa propriété. Tout bascule. Marcus, convaincu de l’innocence de son ami, mène l’enquête. Et dans une petite ville des États-Unis, rechercher la vérité est dangereux.

Ce livre m’a été recommandé tant de fois ! Je suis heureux d’avoir enfin pris le temps de plonger dedans. Plonger, c’est le mot. C’est le genre de roman où dès les premières pages, j’oublie le reste. Rien ne compte sauf l’histoire et je tourne les pages sans m’en rendre compte.

Ce roman de Joël Dicker, on ne peut plus connu, est une enquête mais pas uniquement. C’est aussi un livre sur ce qu’est être écrivain et un roman d’amour. L’amour est très présent : l’amour interdit, l’amour qu’on ne révèle pas, celui non partagé et celui qui est absent. Il est au coeur de cette histoire captivante et chez la plupart des personnages.

Aurora, New Hampshire, est bourgade américaine où tout le monde se connaît. C’est tout à fait le genre de petite ville qu’affectionnerait Stephen King, les endroits terrifiants en moins. Qui dit petite ville, dit des habitants qui se connaissent tous. Leurs histoires se mêlent. Et quand Marcus mène cette enquête, tirer un fil signifie faire ressurgir des histoires que la population veut oublier ou conserver secrètes. D’autant que Marcus connaît ses habitants, il a vécu à Aurora en tant qu’étudiant. Les histoires personnelles s’en mêlent. C’est une recette utilisée dans de nombreux livres, séries et films. Ça marche ! Joël Dicker le fait très bien.

Dans une écriture simple, l’auteur à l’art et la manière de semer des indices, brouiller les pistes. Ce qui mène à l’apothéose que nous réserve la fin du roman. Je n’ai jamais vu autant de twists en si peu de pages. J’étais complètement perdu ! Non pas perdu parce que je ne comprenais pas, perdu car l’intrigue devenait folle suite à des rebondissements que je n’avais pas vu venir. J’ai adoré me faire balader par le bout du nez. La surprise était totale !

Un des meilleurs livres que j’ai lu cette année pour le moment. Il m’a tenu en haleine tant par son sujet que ses personnages. Je suis curieux de lire d’autres romans de Joël Dicker.

Ouïe : Un crayon sur le papier

Goût : Le café

Odorat : Les hortensias

Toucher : Une boîte en fer peinte en bleu

Éditions : Rosie & Wolfe
Pages : 665
Prix : 22 euros

Là où les esprits ne dorment jamais – Jonathan Werber #282

Vue : New York. 1888. Jenny Marton, prestidigitatrice de rue, est recrutée par Robert Pinkerton dans son agence de détectives privés. L’objectif ? Enquêter sur les soeurs Fox. Ces dernières sont à l’origine du mouvement spirite qui a bouleversé la société américaine dès les années 1850 en initiant la communication avec les morts. L’illusionniste plongera dans ce monde mystérieux afin d’élucider l’un des plus grands secrets du XIXème siècle.

J’ignorais tout de l’existence des soeurs Fox. Elles ont, en effet, bel et bien existé et lancé le mouvement spirite. Lorsqu’on m’a conseillé ce roman, j’ai accroché et me suis dit qu’il serait un bon compagnon pour mes vacances estivales. Son auteur, Jonathan Werber, est le fils de Bernard Werber et se passionne pour le spiritisme et la magie. Le fait est que Là où les esprits ne dorment jamais associe les deux ; mélange savoureux, ce premier roman est passionnant.

Sans conteste, j’ai été séduit par cette immersion dans un univers à la fois magique et mystérieux. L’atmosphère ensorcelante est présente du début jusqu’à la fin. Jonathan Werber joue avec les liens étroits de l’illusion et de l’ésotérisme. Si la prestidigitation est reconnue pour un savoir-faire hors-paire et spectaculaire, nous savons néanmoins qu’il s’agit de « trucage ». Rien n’est réel. Il en est tout autre pour l’ésotérisme qui porte une forme de magie mais où le surnaturel questionne. Ce roman aime à balader la lectrice et le lecteur aux frontières de ces mondes. Le doute est constant. J’ai adoré être dans le questionnement, dans le « et si c’était vrai » ? Chacun.e se forge son opinion.

Les apparences et l’illusion sont omniprésentes également. Il y a souvent la notion de double-face. Jenny mène l’enquête parce qu’en perpétuelle quête de vérité. Sans toutefois avoir toutes les cartes en main… L’agence Pinkerton cache aussi ses secrets. Sa connaissance pointue de la prestidigitation permet d’être guidé par son sens de l’observation aiguisé et d’expliquer chaque illusion. Mais lorsqu’elle est ébranlée par les soeurs Fox, nous le sommes aussi. Et c’est si grisant de voir les certitudes volées en éclats !

Je me suis beaucoup attaché à Jenny ainsi qu’à deux des soeurs Fox, Kate et Margaret. Leur histoire, leur fragilité ont résonné chez moi. Car s’il est question d’enquête, de magie et d’ésotérisme, la famille est très présente, comme le deuil. Jenny est liée à son père, illusionniste également, mort à la guerre avant qu’elle ne l’ait connu. Quant aux soeurs Fox, leur famille fut malmenée suite à la découverte de leur supposé don. Sous la coupe de leur soeur Leah, elles sont prisonnières d’un succès qui les étouffe.

Là où les esprits ne dorment jamais brouille les pistes, bouge les lignes. Le vrai, le faux, gentil, méchant… rien n’est blanc ou noir. J’ai passé un très bon moment avec ce livre lors de mes vacances en Crête. J’espère lire très vite un autre roman de Jonathan Werber sur ce thème.

Ouïe : Un toc

Goût : Un Pinot noir, 1884, vallée de Napa

Odorat : Les fleurs de pommier

Toucher : Une porte automatique

Éditions : Pocket
Pages : 530
Prix : 8,50 euros

1991 – Franck Thilliez #272

Vue : Décembre 1991, Franck Sharko sort de l’école et rejoint le 36 quai des Orfèvres en tant que jeune inspecteur. Alors qu’il est mobilisé sur l’affaire des Disparues, un homme en panique débarque au 36 muni de clichés d’une femme séquestrée. L’homme a vraisemblablement été choisi pour découvrir cette horreur. Derrière la photo une adresse… Et la première enquête de Sharko commence dans un enfer peuplé de prestidigitation et de sorcellerie.

Sharko est un personnage bien connu des lecteurs de Franck Thilliez. D’où venait-il ? Pourquoi est-il devenu inspecteur ? Comment était-il plus jeune ? Les lectrices et lecteurs se posaient apparement beaucoup de questions au sujet de ce personnage. Voyager dans le passé pour suivre sa première enquête est l’occasion pour l’auteur de répondre à ces questions.

C’est ce retour dans le passé que j’ai beaucoup apprécié. Revenir au début des années 90. Les ordinateurs commencent à investir les bureaux, les recherches de l’ADN sont à leurs prémices. Il n’y pas de portable et pas d’Internet. Mener une enquête est différent. À l’ancienne ! Les indices sont plus ardus à dénicher. Les interrogatoires souvent dépendants de la mémoire des interrogés. Les astuces s’avèrent donc indispensables et celles de Sharko sont d’ailleurs audacieuses pour parvenir à ses fins.

Fidèle à lui même, Franck Thilliez commence fort dès les premières pages. Comment ne pas être happé par cet épilogue pendant lequel mon cerveau fonctionnait déjà à 100 à l’heure pour comprendre comment c’était possible ? À partir de là, je ne pouvais plus lâcher 1991. Je voulais savoir. Chaque jour, j’attendais que le soleil se couche pour, la nuit venue, me plonger dans cette sombre histoire.

Sombre, ce n’est rien de le dire. Scènes de torture, virée dans le quartier de la Goutte d’or des années 90, vaudou, pédophilie… Nous avons là un bon concentré d’horreur et de douleur. Il y a également cette noirceur qui s’infiltre goutte à goutte chez ces professionnels du crime. Sharko y pense souvent. Comment ne pas perdre pied dans la folie ? Comment préserver la femme qu’il aime de ce coté obscur de l’Homme ? Et c’est d’autant plus dur et touchant quand on connaît le futur de ce personnage…

Enfin, et c’est aussi ce qui rend les romans de Franck Thilliez plus riches, c’est la partie humaine, les coulisses de la vie à la criminelle au 36. Les bagarres internes, la solidarité aussi. Les sacrifices de la vie privée, les erreurs, l’adrénaline… Dans 1991, ces aspects apportent du relief et de l’humain. Oui, inspecteurs ou pas, ils n’en restent pas moins des hommes et des femmes avec toute la vulnérabilité que cela implique.

Ouïe : Un cadenas que l’on déverrouille

Goût : Un sandwich

Odorat : La pourriture

Toucher : Une poupée vaudoue

Éditions : Fleuve éditions – Collection Fleuve noir
Pages : 498
Prix : 22,90 euros